Voici une critique publiée il y quelques temps déjà, mais qui revient à l'actualité puisque la pièce de Robert Lepage est jouée dans le cadre du Festival d'automne de Paris. Un spectacle à ne pas manquer : lisez la suite pour vous en convaincre.
Que dire d'un spectacle de Robert Lepage sinon qu'il faut le voir pour en savourer toutes les finesses et les subtilités ou prouesses techniques. Chez Lepage, les techniciens qui travaillent dans l'ombre sont plus nombreux que les personnages présents sur scène. Ici on atteint un record : 1 comédien pour 12 techniciens. Aucun doute au vu de ces chiffres qu'on est en présence qu'une version moderne des pièces à machines. Le
Que dire d'un spectacle de Robert Lepage sinon qu'il faut le voir pour en savourer toutes les finesses et les subtilités ou prouesses techniques. Chez Lepage, les techniciens qui travaillent dans l'ombre sont plus nombreux que les personnages présents sur scène. Ici on atteint un record : 1 comédien pour 12 techniciens. Aucun doute au vu de ces chiffres qu'on est en présence qu'une version moderne des pièces à machines. Le
L'histoire
se révèle comme toujours est multiple, morcelée, plurielle,
discontinue, discursive (comme le drame contemporain). On avance
touche par touche dans l'histoire parallèle de quelques familles et
l'histoire d'un pays qui se cherche. Le texte est long sans être
fastidieux.
Ma
réflexion m'amène à regarder de plus près la place du spectateur
dans cette conception théâtrale. (on pourra lire l'article sur
stéréoscope des solitaires).
Le
public assume 3 fonctions différentes.
Il
est tout d'abord le deuxième personnage du dialogue. Le texte est en
réalité un faux monologue, dont le public est l'interlocuteur
silencieux, toujours consentant, ais demandant parfois une précision,
demande muette mais que le personnage entend ou précède. Le
spectateur oscille entre le rôle de confident et celui de
destinataire d'une parole plus documentaire, plus politique. Le
comédien/ personnage s'adresse à lui directement ou au moyen d'une
projection quand il est de dos.
Le
spectateur reprend sont rôle d'observateur extérieur quand
intervient dans la scène un second personnage virtuel. Il n'a pas de
voix, pas de corps. Il n'existe qu'en creux dans les gestes qui lui
sont destinés vers la coulisse ou dans un jeu de questions aux
réponses prévisibles et que confirme la suite du dialogue. Ce
personnage virtuel est l'un des plus construit du drame (identité,
sentiment, présence ...)
Enfin
en dernier lieu, le spectateur devient personnage à part entière.
C'est à lui que s'adresse le comédien quand il parle aux
organisateurs de la soirée de 40 ème anniversaire de la Nuit de la
Poésie et au public de cette cérémonie. Il s'agit d'un public en
abîme : celui de 2015 et celui d'il y a 40 ans confondus sur
les mêmes fauteuils...
Si
les spectacles de Robert Lepage sont des merveilles de recherche en
technologie et en trucage, il est indéniable que le lien qui se crée
entre la salle et la scène est aussi une préoccupation essentielle
de ce metteur en scène.