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samedi 14 mars 2015

critique de 887 de Robert Lepage

Voici une critique publiée il y quelques temps déjà, mais qui revient à l'actualité puisque la pièce de Robert Lepage est jouée dans le cadre du Festival d'automne de Paris. Un spectacle à ne pas manquer : lisez la suite pour vous en convaincre. 


Que dire d'un spectacle de Robert Lepage sinon qu'il faut le voir pour en savourer toutes les finesses et les subtilités ou prouesses techniques. Chez Lepage, les techniciens qui travaillent dans l'ombre sont plus nombreux que les personnages présents sur scène. Ici on atteint un record : 1 comédien pour 12 techniciens. Aucun doute au vu de ces chiffres qu'on est en présence qu'une version moderne des pièces à machines. Le 

L'histoire se révèle comme toujours est multiple, morcelée, plurielle, discontinue, discursive (comme le drame contemporain). On avance touche par touche dans l'histoire parallèle de quelques familles et l'histoire d'un pays qui se cherche. Le texte est long sans être fastidieux. 

Ma réflexion m'amène à regarder de plus près la place du spectateur dans cette conception théâtrale. (on pourra lire l'article sur stéréoscope des solitaires). 
Le public assume 3 fonctions différentes. 
Il est tout d'abord le deuxième personnage du dialogue. Le texte est en réalité un faux monologue, dont le public est l'interlocuteur silencieux, toujours consentant, ais demandant parfois une précision, demande muette mais que le personnage entend ou précède. Le spectateur oscille entre le rôle de confident et celui de destinataire d'une parole plus documentaire, plus politique. Le comédien/ personnage s'adresse à lui directement ou au moyen d'une projection quand il est de dos. 
Le spectateur reprend sont rôle d'observateur extérieur quand intervient dans la scène un second personnage virtuel. Il n'a pas de voix, pas de corps. Il n'existe qu'en creux dans les gestes qui lui sont destinés vers la coulisse ou dans un jeu de questions aux réponses prévisibles et que confirme la suite du dialogue. Ce personnage virtuel est l'un des plus construit du drame (identité, sentiment, présence ...)
Enfin en dernier lieu, le spectateur devient personnage à part entière. C'est à lui que s'adresse le comédien quand il parle aux organisateurs de la soirée de 40 ème anniversaire de la Nuit de la Poésie et au public de cette cérémonie. Il s'agit d'un public en abîme : celui de 2015 et celui d'il y a 40 ans confondus sur les mêmes fauteuils...

Si les spectacles de Robert Lepage sont des merveilles de recherche en technologie et en trucage, il est indéniable que le lien qui se crée entre la salle et la scène est aussi une préoccupation essentielle de ce metteur en scène.